Tatie dans le coma

Elaine

Tatie dans le coma

Voilà déjà un moment qu'Axel était dans le coma. Sa grossesse avait plutôt mal finit. Les jumeaux étaient nés par césarienne et elle était endormi profondément, telle une princesse de conte de fée, sauf que ça n'avait rien d'un conte. Je sortais juste des cours et j'avais prévenue aussi bien ma mère, que mon père que Max que je passerais la voir. En arrivant à l'hosto, j'étais passé voir les jumeaux. Ils étaient si mignons. Je les aurais bien embrassé, mais ils étaient dans une salle à laquelle je n'avais pas accès, parce qu'ils étaient un peu fragile ou je sais pas quoi, histoire qu'ils étaient un peu en avance. J'avais pas demandé les détails du truc. Ils n'y étaient que pour quelques jours mais voilà. Je me dirigeais donc rapidement vers la chambre d'Axel ou je pensais voir Max, mais sans certitude. Je frappais à la porte au cas ou il y aurait Max pour le prévenir, ou une aide soignante entrain de faire des soins et puis juste par principe quoi. Personne ne répond, je pousse donc la porte. Je m'avance un peu et finis par voir les pieds d'un lit. Finalement, j'aperçois les cheveux blonds d'Axel, encadrant non pas son visage, mais un visage blême, avec des lunettes à oxygène qui ressemble à Axel. Je ne sais pas quoi faire, quoi dire. j'en ai oublié pourquoi j'étais venue à la base. Dans les films ils disent toujours qu'on peut parler aux gens dans le coma et qu'ils nous entendent et je voulais lui dire à quel point on l'aime pour qu'elle revienne vite parmi nous.

Je vais m'asseoir sur le rebord du lit. Je prends sa main et je reste muette. J'avais préparé tout un speech, mais là je ne sais plus, je me sens bête.

Elaine

Tatie dans le coma

Je me relève. Je prends le sac à mes pieds et j'y cherche mon cahier de maths puis la trousse. Dans cette dernière, je mets la main sur un stylo. Je vais m'asseoir sur la chaise un peu plus loin et rapproche la table mobile. Je vais commencer mes devoirs.
Je n'ai pas prononcé un mot depuis que je suis ici. Je ne sais vraiment pas quoi lui dire, mais au moins si elle peut sentir une présence, elle saura que je suis là, qu'elle n'est pas seule. Je m’attelle à un devoir d'algèbre. Je ne relève la tête à chaque bip des machines que les cinq premières minutes. J'arrive enfin à me concentrer et ce devoir est réglé en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Il y en a un autre de géométrie qui m'attend. Je vais chercher le livre en question dans mon sac. Je jette un coup d’œil à Axel. On dirait qu'elle dort! Je retourne à mes devoirs.
Quelqu'un frappe à la porte, je ne répond qu'un petit : oui, que la personne n'a probablement pas entendu d'ailleurs. Une aide soignante rentre, regarde deux trois trucs sur les machines, après m'avoir dit bonjour et repart à ses occupations, non sans un sourire lorsque me voit sur mes devoirs, voulant dire : Vas y galère bien sur tes devoirs et un jour peut-être tu auras un job pas trop dégueu'. C'est tout du moins ce que j'en comprends, mais je fais peut-être erreur. Je me remets enfin à mon devoir de géométrie, avant d'essayer un exercice de physique. Ça j'aime moins. Pis le prof est chelou. J'imagine déjà la tête d'Emily devant ce même exercice. J'entend déjà mon téléphone sonné, rien que d'y penser. On verra bien, là pour l'instant il reste silencieux, elle a peut-être même pas encore regarder ce qu'on avait comme devoir. Un coup d’œil à l'horloge m'indique qu'il est déjà 17h. Si elle veut s'y mettre ça ne devrait plus tarder de toute façon, donc on verra bien!

Elaine

Tatie dans le coma

Mon premier exercice de physique finit, je prends un feutre, prête à tirer un trait pour le séparer du second. C'est un feutre vert. Je tir un trait, je suis prête à le ranger, mais je relève la tête vers Axel. Les bip ne cessent pas, ils sont toujours aussi régulier, mais je m'y suis faites. Je me lève de ma place pour aller boire un verre d'eau, parce que réfléchir ça donne soif. Lorsque je reviens des wc/salle de bain, j'ai toujours mon feutre vert entre les mains. Je passe juste à côté du lit. je me rassois à côté d'elle. je ne peux m'empêcher de regarder les lunettes à oxygènes comme un truc qu'à rien à faire là, mais qu'on peut pas enlever quand même, parce que ça l'aide.
J'enlève le capuchon de mon feutre. J'approche ce dernier de son visage et sans savoir ni quoi, ni pourquoi, je me mets à faire un dessin. Me demandais pas pourquoi. Je n'ai pourtant plus quatre ans, mais c'est un élan. Un élan de créativité... ou pas!
Elle se retrouve avec un papillon, une fleur, des cœurs un peu partout. Je prends une photo. je suis sûre qu'Axel ça la fera rire quand elle se réveillera et que je lui montrerais. On dirait mon plâtre quand j'ai eu un accident de vélo quand j'étais petite. C'était pareil! Enfin à un détail près, moi j'étais d'accord. Mais bon c'est pas méchant. Et puis ça s'enlève... enfin je crois!

Je saute du lit et je fais tomber mon téléphone dans la précipitation. Je me dirige en courant vers la salle de bain. Je prends du papier que je mouille et je repars en courant vers Axel. Oui là j'ai vraiment peur que ça parte pas. Je frotte doucement d'abord et de plus en plus fort parce que je galère, mais ça finit par partir, un peu. J'avale difficilement ma salive. Pourquoi j'ai fait ça ? J'en sais rien! Faudrait vraiment être bête honnêtement! Et en même temps je ne peux que rire devant autant de bêtise. Je suis une vraie gamine des fois, bin là c'est carrément ça.

Après plusieurs minutes, elle a le visage rouge archi rouge, mais au moins on voit plus rien. Mais c'était quoi ces feutres honnêtement? j'ai jamais autant galéré. Et pourtant des gamins qui dessine plus sur eux que sur une feuille y en a tous les jours et leur parents je les vois pas autant galérer...

Elaine

Tatie dans le coma

Dans ma précipitation, j'ai du déclencher la sonnette, parce que je ne tarde pas à voir débarquer l'infirmière/aide-soignante de toute à l'heure. Axel a toujours le visage rouge.

- Madame Davenport s'est réveillée?

- Non du tout, je suis désolée, c'est moi qui est du appuyer en voulant lui dire au revoir, je suis désolée.

Je suis crédible ou pas du tout? Mes affaires sont encore en vrac sur la table. Je cache le papier qui a viré au verre à force de frotter dans ma main et je ne sors plus les mains des poches. Je ne bouge plus du tout. Ça se voit que je transpire ou pas. Je suis pas bien. J'ai l'impression que ça se voir sur mon visage, mais visiblement j'ai de la chance parce qu'elle va juste enlever la sonnette du passage, me dit au revoir et retourne à ses occupations. Je souffle de soulagement une fois ses pas éloignés. Je prends mon sac resté au pied du lit, je le ramène sur la table, je range cahiers et livres, le feutre dans la trousse et trousse que je range elle aussi dans mon sac. Je le referme, prête à partir.
Mais avant je me rassois dans la chaise et j'explose de rire. Je suis soulagée de ne pas avoir était prise sur le vif, mais aussi contente de ma connerie. Je n'en suis pas peu fière, c'était du grand art.
C'est ce moment là que mon téléphone choisit pour sonner. C'est Emily, bien sur, quand on parle du loup. Enfin je pensais à elle y a une demi heure, mais bon! Je décroche, étouffant un rire. Elle me demande des nouvelles d'Axel puisqu'elle savait que je devais la voir. Je lui dit qu'il y a rien de neuf. Je lui propose de la rappeler quand je serais rentrée, parce que là j'allais partir et que ce serait plus simple pour discuter et tenter de lui expliquer le truc qu'elle aurait pas comprit. Je raccroche. Je me penche sur Axel pour lui faire un bisou, après mettre assurer que la sonnette était bien plus loin.

- Je repasserais demain. Et promis je ferais pas la même.

Je prends mon sac. Je me dirige vers la porte. J'ai le main sur la poignet, lorsque je dis dans un souffle : "Réveille toi tatie, on a besoin de toi!" Je passe le seuil de la porte que je referme ensuite derrière moi. J'ai besoin qu'elle se réveille, on en a tous besoin, il le faut. Elle nous manque à tous! Même ma mère qui ne la connais que de ma bouche et qui ne comprend pas qu'on puisse sortir avec un Abraxas a eu de la peine. Bon elle en avait déjà pour elle quand elle a su qu'Axel était enceinte de jumeau mais bon, vous comprenez le principe quoi. Je ne me retourne pas. Je sors de l’hôpital au ralentit. Elle ma manque Axel. J'ai envie de l'entendre rire, d'aller manger une glace avec elle et que sais-je encore.