Qui a dit que c'était cool d'être un macchabée? [Nath&Mina]

D'accord, il est possible que ma dernière rencontre totalement imprévue avec Silas m'ait ouvert les yeux sur un truc ou deux. Enfin, non, je suis pas une adolescente boutonneuse de 15 ans qui a passé la dernière année à supplier le vampire de la transformer sans avoir la moindre idée des inconvénients du métier, donc j'avais déjà les yeux bien ouverts sur tout ce bazar. Mais il est possible que, comme je me faisais déborder par ma magie quand j'essayais de ne surtout pas m'en servir, je me sois fait déborder par les instincts du prédateur que je suis devenu. Dante avait surement raison toutes ces fois où j'ai insisté sur le fait qu'il exagérait le danger qu'il aurait pu représenter pour Elaine ou moi, même si je ne risque pas de sitôt de lui retirer ma confiance en ce qui concerne ma fille.
Bref, se faire remettre en place par un semblant d'autorité (même si considérer Silas comme une autorité... c'pas Luther quoi), ça n'a semble-t-il pas fait de mal aux neurones, et ça m'a surtout permis de récupérer un minimum de contrôle.

Ce qui explique que je me retrouve dans ce quartier réputé pour ses maudites salles de saignée. Je suis toujours aussi peu fan, en partie pour avoir vu les effets de la frustration que Dante impose à son coté chasseur et avoir entendu les causeries de Silas sur le sujet, en partie parce que je suis toujours aussi incapable de retirer moi-même les crocs d'une plaie sanguinolente sans qu'on ne m'y force, et que l'idée de tuer une personne dont le seul tord est de vouloir rendre service me débecte, mais il semblerait que j'y réfléchisse tout de même. Enfin, au moins pendant que je me bat avec cette cigarette que je n'arrive bien sur pas à allumer parce que le coup de la respiration simulée, j'l'ai pas encore en mémoire.

Donc si vous voyez un con incapable d'allumer une clope après 25 ans de tabagisme, le cul posé sur un des piliers de la rambarde qui longe la rivière, beh il refuse pas un coup de main, déjà, et ensuite, il sera très certainement enclin à causer le coup. Pour le bavard que je suis, la solitude, c'est dur. Ok, j'suis pas non plus seul sur une ile déserte, mais comparé aux heures passées à causer le coup avec Pierre, Paul ou Jack au bar pendant mon service et même en dehors, ouais, j'me sens seul. Et autant je suis parfaitement conscient que cramer les étapes est pas une bonne idée, autant plus ça va, plus j'me dis que j'devrais faire le tour des bars nocturnes de la ville, y en a bien un qui cherche un barman un peu trop porté sur l'hémoglobine, non?

Made by Neon Demon

Nous sommes rentrée d'Irlande récemment avec Dmitri. Ca n'a pas été une mince affaire à gérer, avec la faille et tout, on a pas vraiment fait tout ce qu'on voulait, mais bon.
Nous nous faisons plus discret que jamais et je n'ai aucune envie qu'on découvre la trace de mes canines dans le cou d'un humain... oui paraît qu'ils font ça maintenant les flics. Ils ont vraiment que ça à faire ? Bon oui surement ok, mais bon, vu que je n'ai aucune envie de me faire griller, je me dirige plutôt vers les fameuses salles de saigné quand j'ai une petite soif. J'en ai déjà visité plusieurs à travers le monde. Elles se ressemblent toutes plus ou moins.
On y trouve de tout, croyez moi. Du plus jeune au plus vieux, du plus roche au plus démuni. Pour certain c'est un besoin d'argent, pour d'autre c'est plus la sensation, l'adrénaline qui les parcours quand leur sang quitte leur corps. Moi aussi ça me fait vibrer, mais pas pour les mêmes raisons. Cet échange de flux entre un humain et un vampire et presque orgasmique, mais dites pas à Dim que je vous l'ai dit, même si je suis sure qu'il ressent la même chose de son côté.

Un peu avant la salle où j'ai prit l'habitude de me rendre (oui y en a plusieurs dans ce quartier, un peu particulier d'ailleurs, mais bon à croire que les chasseurs nous laisse tranquille au moins ici... Peut-être qu'ils préfèrent qu'on boive sans tuer, avec des personnes consentantes... Ca m'a pas plus inquiétait que ça en tout cas quand j'ai découvert ce quartier.
Du coin de l’œil j'aperçois un vampire qu'à l'air en galère. Trois fois en peu de temps que je le vois essayer d'allumer sa clope. Y a pas tant de vent que ça. Hum!! Cette odeur... c'est un jeunot. On va bien se marrer!
Je me dirige vers lui, pour voir si je peux lui filer un coup de main.

- Bonsoir. Je peux vous aider!

Oui, je considère un peu tous les vampires comme ma famille, mais j'ai quand même quelques manières et je ne tutoie pas tout le monde.

Made by Neon Demon

Elle peut se vanter de ne pas avoir été entendue avant de m'adresser la parole. Sans doute que si mon cœur battait encore, il danserait la chamade devant cette voix sortie de nulle part dans ce quartier qui craint autant que celui où j'habitait avant, et ce même si mon instinct de survie n'a jamais vraiment volé bien haut. Bref, tout ça pour dire que je ne suis plus seul dans le quartier, et que je relève les yeux de ma cigarette et de mon briquet pour regarder en direction de la femme qui m'adresse la parole.

Je remonte mes jambes le long du pilier jusqu'à me retrouver accroupi dessus avant de sauter souplement au sol, me retrouvant debout face à elle. Avec la possibilité de m'éloigner si elle se révèle capable de s'ouvrir une veine avec un briquet. On est jamais trop prudent quand on a le contrôle aussi limité que moi. Une vampire? Alors, les types brillants que sont Silas et Dante ne m'ont pas encore fait ouvrir cette page du manuel du parfait vampire, donc les reconnaitre... et pourtant, j'étais pas mauvais à ce jeu avant... j'commence à me dire qu'on m'avait un peu enjolivé le tableau, et pourtant, je pense que je savais à peu près dans quoi je foutais les pieds, à coté d'autres qui se sont retrouvés là-dedans sans rien connaitre à notre monde avant...

" 'Soir. Si vous pouviez m'aider à allumer une cigarette, ça serait pas de refus. Je crois que je manque de souffle ce soir."

Remettant ma cigarette dans le paquet, j'en sors une autre que je lui tend, accompagnée du briquet. J'ai quand même assez de correction pour pas lui filer une clope qui traine entre mes lèvres depuis dix bonnes minutes.

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Je suis dans cette ruelle face à cet inconnu et pourtant c'est une toute autre scène qui se joue devant mes yeux. Celle d'un certain Jonathan Harker riant devant ma demande de gouter au tabac qu'il avait entre ses lèvres. Ce n'était pas encore une addiction très répandue à l'époque, pas comme l'alcool, mais il en consommait en de rares occasions et ce soir là, j'avais voulu essayer. Les femmes ne fumaient pas. Mais il m'a permit d'essayer, voir ce que cela faisait. J'ai craché tous mes poumons ce soir là. Et en riant, j'ai juré de ne plus jamais recommencer. Pourtant les choses ont changés, les années et les siècles se sont écoulés et moi j'ai réessayé, une fois morte je ne risquais plus de cracher tout ce que mon corps pouvait contenir. (Oui oui j'avais vraiment eu cette impression là la première fois.)

Je reviens à moi après quelques instants. A t-il éternuait, raclait la gorge pour se rappeler à moi ? Je n'en sais rien, mais me revoilà. En premier lieu je tombe sur ses yeux. On dirait non pas les yeux de Jonathan, ce serait un peu cliché non ? Mais plutôt ceux de mon amie Lucy. Elle me manque. Cette période de nos vies a été un carnage pour elle ( de mes yeux d'humaine de l'époque en tout cas), et même de mes yeux de vampires d'ailleurs je crois. Il l'a transformé pour se rapprocher de moi; ils l'ont tué parce qu'elle était trop comme lui. Elle était pleine d'adoration pour lui, elle n'arrivait pas à se contrôler, c'était une toute jeune vampire. C'était peut-être ce qu'il voulait d'ailleurs, qu'elle soit l'agitation pendant qu'il se rapprochait de moi, dans le plus grand silence... Enfin silence, pour les autres peut-être, pour moi, à l'intérieur de moi c'était une agitation peut-être plus importante encore que celle qui agitait Lucy. Aujourd'hui, j'ai beau dire qu'il est comme un père pour moi. A l'époque comme n'importe quel vampire, plus que n'importe quel vampire, il m'a envouté, j'ai cru l'aimer. Même si ça n'a pas duré longtemps, mais suffisamment pour achever cette part humaine qui coulait dans mon sang.

Il doit me prendre pour une folle à le regarder dans les yeux, ainsi figé. Ca ne me fait pas ça d'habitude. Pourquoi lui ? Je l'ignore. Ca n'a probablement rien à voir avec lui d'ailleurs. Le regard de Lucy s'estompe pour laisser place au sien et à cette cigarette qu'il me tend. Je la lui prends des mains que je dépose délicatement entre mes lèvres, prend son briquet et la lui allume en une bouffée d'air inspirée. C'est devenue une habitude pour moi aujourd'hui de faire semblant. Je lui rends sa cigarette et son briquet.

- Vous n'en auriez pas une à m'offrir par hasard, afin d'adoucir cette fraiche soirée ?

Dis-je d'une petite voix, comme si je me réveillais d'un sommeil profond et agité.

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Eh ben, je peux dire que y a longtemps que j'ai pas fait un effet pareil à une femme. Sans prendre en compte le fait que mon regard s'est plutôt attardé sur un homme ces dernières années. Jusqu'à il y a peu, je bossais dans un bar, alors, le jeu de la séduction, j'y ai jamais réellement mis un terme, même si j'y ai mis les limites normales qu'on peut y mettre quand on est en couple. Et je peux dire que j'en ai rarement fait buguer comme je fais buguer cette femme présentement. Je commence même à me demander si je dois bien le prendre ou non, parce que j'ai plutôt l'impression qu'elle a vu un fantôme, à un moment.

Je penche légèrement la tête sur le coté, espérant ainsi briser la concentration de la dame, et, même si j'ignore si c'est vraiment de mon fait, elle finit par décrocher son regard du mien et me dépanner avec mon histoire de cigarette. Faut vraiment que j'demande à Dante comment il fait ça. Après tout, ça ne risque plus franchement de me tuer à présent, sauf si je joue avec mon briquet trop près d'une fuite de gaz peut-être. Silas? Je serai bien curieux de savoir si il en a allumé une seule dans sa vie, de clope.

Je récupère mon briquet et ma clope, que je coince entre mes dents avant de lui tendre le paquet, et le briquet du coup.

"Je vous dois au moins ça, j'aurai pu y passer la soirée sans vous. Nathan. Et merci."

Quand elle s'est elle-même allumé une cigarette, je glisse le briquet dans le paquet avant de le ranger dans la poche de ma veste, avant de me rappeler que j'ai toujours une clope allumée entre les lèvres. Un oubli qui n'a rien à voir avec ma nouvelle condition, pour être honnête, même si le plus souvent, c'est entre deux doigts ou sur le coin d'un cendrier que j'oublie une cigarette allumée.

"J'imagine que vous avez mieux à faire que rester là à contempler mes déboires de fumeur aguerri apparemment pas au mieux de sa forme ce soir, mais j'peux vous demander ce qui vous a fait freezer tout à l'heure? On se connait?"

J'ai pas souvenir, mais bon, je crains qu'il y ait plus d'une chose dont je n'ai pas le moindre souvenir au cours de la part la plus dissolue de ma vie. Les addictions, ça n'aide pas à se rappeler de grand chose, parfois, et c'est pire encore quand oublier est justement notre objectif premier.

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Je n'avais clairement pas besoin d'air pour respirer, mais je pouvais néanmoins en emmagasiner un peu au besoin, ce qui s'avérer utile pour deux trois petites choses, comme celle-ci. Mais comment j'avais fait ? Le temps m'avait permit de m'en rendre compte tout simplement.

- Je serais bien incapable de vous expliquer comment ça marche. Ca viendra avec le temps, ne vous inquiétez pas! C'est récent j'imagine ?

Je laisse passer une seconde ou deux, avant de réaliser qu'il m'a dit son prénom et de décider faire de même.

- Moi c'est Mina. Enchantée.

Je laisse s'échapper une bouffée de fumer d'entre mes lèvres, lorsqu'il me demande si je le connais et pourquoi j'ai réagis comme ça.

- Non, pardon, je suis désolée. Je ne pense pas qu'on se soit déjà vu. Vous m'avez simplement rappeler quelqu'un. J'ignore pourquoi. J'ai cru la reconnaître dans votre regard, mais c'est idiot.

Je n'étais qu'humaine lorsque Lucy a été transformé puis tué, donc ce n'est pas une question d'odeur et Lucy n'a pas eu de descendance, donc ce n'est pas ça non plus. Je ne sais vraiment pas. Je ne me l'explique pas.

- En effet, je me dirigeais vers la salle de saigné la plus proche. Vous voulez peut-être m'accompagner ?

Pas qu'il est l'air d'avoir très soif, mais bon qui sait. Il est jeune, il sait même peut-être pas ce que sait, ce serait l'occasion de lui expliquer. Si ça peut lui éviter quelques ennuis avec nos amis les humains.

- T'as un guide dans le milieu ?

Ca fait un peu mafia dit comme ça. Je souris à cette idée. C'est sur qu'il y a des vampires dans le milieu de la pègre, j'en ai fait partie il y a un peu plus d'un siècle et je ne suis pas la seule. Mais je pensais plutôt au "milieu vampirique".

Je viens clairement de passer du vouvoiement au tutoiement, mais bon vu les questions que j'étais entrain de lui poser, on était plus à ça près je crois.

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Ce qui est récent? La clope? Pas franchement non. Pardon, c'était pas de ça qu'elle parlait? Ok, si j'avais regardé de plus près, je n'aurai pas manqué les détails évidents que je n'aurai pas raté quand seule la magie qui trainait dans mes veines et mon expérience du terrain me permettaient de reconnaitre un vampire quand j'en voyais un. Donc ouais bien sur, quand j'allume un brin de cerveau, ça devient tout de suite plus clair de savoir qui j'ai devant moi. Et le sens précis de sa question.

"Quelques semaines, j'ai pas vraiment compté."

J'acquiesce quand elle me donne son prénom à son tour, la saluant d'un geste de la main avant de replacer une bonne partie de ma concentration dans la cigarette que j'ai toujours coincée entre les dents.

"J'suis pas sur de pouvoir vous aider. Mais c'est jamais idiot de rappeler les souvenirs d'un être cher. Surtout quand on a... j'vous ferai pas l'affront de vous demander votre âge, mais j'imagine que vous avez plus d'expérience que moi en la matière. Rien que pour..."

Je termine ma phrase en levant légèrement la cigarette qui a depuis rejoint ma main, en guise d'illustration. C'est là qu'elle me parle de la salle de saignée qu'elle comptait rejoindre avant de me tomber dessus. Je déglutis une fois, puis deux, prenant le temps de réfléchir à sa proposition avant d'y répondre. Parce que j'ai refait le compte des victimes que j'ai fait les premières nuits, et sans doute que je revois encore leurs visages quand je ferme les yeux. Et que si j'arrive à me contrôler suffisamment pour marcher en ville sans égorger le premier passant venu, je ne suis pas à cent pour cent convaincu d'être prêt à me nourrir sans vider complètement ma proie, pas sans quelqu'un pour me retenir derrière. Un fardeau que je mets déjà suffisamment sur le dos de Dante et Silas pour ne pas l'infliger à quelqu'un d'autre, surtout qu'elle a surement mieux à faire que me baby-sitter.

"J'suis pas convaincu que ce serait hyper safe pour celui dans lequel je planterai les crocs. Mais merci de la proposition."

Un guide dans le milieu? Je hausse un sourcil, intrigué, alors qu'elle me fait penser à ces types qui te refourguent de la came dans les ruelles mal famées de la ville. Ces types qui craignent tellement que tu sois un flic sous couverture qu'ils sont inapprochables si tu connais pas quelqu'un pour te mener à eux.

"Mon mec. Et son meilleur ami. J'ai pas à me plaindre. J'suis pas certain qu'ils sachent plus que moi c'que c'est qu'être un vampire, mais on s'débrouille."

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Écouter parler cet homme me permet de profiter encore un peu de ses yeux, les yeux de Lucy.

- Un peu plus que vous en effet.

Je souris en voyant cette cigarette entre ses doigts. C'est un signe, mais heureusement (ou malheureusement) pas le seul.
Je propose un passage dans une salle de saignée. Il me tiendrait compagnie, mais au vu de la suite de la discussion, j'en conclu que c'est moi qui lui tiendrait compagnie si il m'accompagne, ce qu'il semble refuser dans un premier temps. Mais dans ma tête c'est déjà tout vu. Maintenant que ce Nathan a croisé mon chemin, je compte bien faire en sorte qu'il vienne. Je suis plus têtué qu'une mule d'après certain, je ne compte pas les décevoir ce soir.

- Cette salle pourrait justement vous y aider! Je gage que vous ne tuerez personne ce soir si vous m'accompagnez. Je vous en empêcherais.

Dis-je en souriant.
Il m'explique que ceux qui lui font découvrir notre monde ne sont pas beaucoup plus au courant que lui.

- Peut-être pourrais-je vous aider. N'hésitez pas si vous avez la moindre question, besoin d'un conseil. Je m'en voudrais de laisser un nouveau né en difficulté.

Je regarde dans la direction des salles, puis vers lui.

- Vous m'excuserez Nathan, je meurs de soif. Si vous ne venez pas, je vais vous souhaitez une excellente soirée. Vous pourrez me trouver à la chambre d'hôte de Dmitri Romanov, mon époux, à Ravenswood.

Je me dirige déjà vers l'une d'entre elles, me demandant s'il va venir avec moi ou non. Espérant un peu qu'il le fasse, mais je ne l'y pousserais pas si il ne le souhaite pas.

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