Ouvre les yeux ! O.S.

Ouvre les yeux!

Vladimir

Des mois que tu sais qu'elle est en vie, des mois que le désir de sa peau, de son odeur parcours ton âme. Tu as toujours juré que tu respecterais ses choix et ses choix à elle l'ont mené loin de toi, dans les bras de ce blondinet qui ne t'arrives pas à la cheville. Tu sais que tu l'as perdu. Et pourtant ça ne te touches pas autant que tu l'aurais cru. Ton amour propre en a prix un coup c'est sur, mais tu avais comprit depuis longtemps (même si tu ne voulais pas te l'admettre) qu'elle n'était pas Wilhelmina et ne le serait jamais.

Tu es devant chez elle aujourd'hui; tu te fiches pas mal de ce que diras l'autre. Il n'est rien qu'un enfant dans un monde d'adulte, il ne peut rien contre toi et son mépris te passes largement au dessus. Tu as décidé de lui parler, tu en auras le cœur net une bonne fois pour toute. Lorsqu'elle t'ouvres la porte elle est surprise tout d'abord avant de te sourire. C'est plutôt bon signe. Mais d'un autre côté elle ne t'a jamais détesté ou quoi que ce soit, y a pas vraiment de raison. Enfin jusque là y avait pas de raison.
Tu lui demandes si tu peux rentrer quelques minutes. Par chance Dmitri n'est pas là, alors elle acquisse.

Vous discutez de longues minutes. Vous parvenez même à rire ensemble à l'évocation de vieux souvenirs. Il y a bien longtemps que ça n'était pas arrivé. Tu n'aurais pas cru ça possible; mais pourtant c'est bien réel.
Pourtant au plus profond de ton cœur tu sais qu'il n'y a rien de possible. Elle te l'a dit mille fois, tu es comme un père pour elle, celui qui lui a présenté un nouveau monde avec ses milliards de possibilités, mais parmi elle il n'y a pas d'amour au sens ou toi tu l'entends; celui que tu as éprouvé pour ta femme et que tu penses ressentir pour Mina depuis plus de 450 ans. Ca fait long, mais aujourd'hui tes yeux se sont enfin ouvert, tu sais qu'il n'y a pas qu'elle dans le monde. Tu es si vieux et pourtant à force de t'accrocher ainsi à elle, au souvenir de ta femme tu en a perdu de vue l'essentiel : le reste du monde. Tu as oublié à quel point il était si vaste et qu'il avait peut-être quelqu'un d'autre pour toi en ce monde. Tu as été si con, si aveugle. mais elle n'est pas ta femme, elle ne le sera jamais.

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Ouvre les yeux!

Vladimir

Même si tu le sais, au plus profond de ton cœur, tu as besoin d'un dernier électrochoc et tu sais comment l'obtenir. Tu forces un peu le destin, mais c'est pour votre bien à tous les deux, tu en es persuadé.

Alors dans un élan, tu t'approches d'elle, alors que son rire cristallin a atteint tes oreilles pour la dernière fois et tu l'embrasses passionnément. Il y a un instant de flottement. Un doux moment où ton cœur croit que tout est possible et ta raison s'envole.
Une force te pousse en arrière et te gifle. Tu es sonné, un peu perdu, puis ton regard croise le sien et tu comprends que ce que tu avais attendu est arrivé, c'est elle qui t'as repoussé, elle encore qui t'a giflé et tu souris bêtement. Elle est furieuse, peut-être plus par le sourire à tes lèvres que par ton geste. Tu t'excuses, lui dit que tu as enfin compris, mais que tu avais besoin de ça, de cette gifle pour t'aider à partir pour de bon; enfin a l'a quitté en tout cas. Tu te rends comptes que ce que tu pensais être de l'amour à son égard n'en était pas vraiment. tu l'aimes énormément c'est certain, mais ce n'est pas de l'amour comme ce que tu ressentais pour Wilhelmina. Ca personne ne pourra te le rendre. Elle n'est plus depuis des siècles et la ressemblance physique entre ces deux femmes ne fait pas d'elle les mêmes pour autant. Qu'il faut être fou d'amour, de peur devant l'inconnu du monde, pour avoir cru à cela aussi fort et aussi longtemps.

Tu n'étais qu'un enfant quand tu as rencontré et épousé ta femme et sans elle tu l'ai redevenu. Peut-être que tu l'as toujours été au fond, mais qu'elle t'avait empêché de le voir. En vérité c'est plus elle qui te protégeait que l'inverse.

Tu essaies d'expliquer à Mina ce que tu as enfin compris après autant de temps, mais elle n'est visiblement pas prête à t'écouter et tu ne parviens pas à le lui reprocher. Tu lui souris brièvement, une dernière fois, avant de disparaître par l'encadrement de la porte. Tu l'as remercie intérieurement pour son geste et pour ce qu'elle est ou a été en tout cas.

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Ouvre les yeux!

Vladimir

Rien n'a jamais été aussi clair qu'aujourd'hui. Tu te sens libéré d'un poids. Tu rentres dans ton appartement, entouré par les derniers vampires que tu as cré au fil des siècles et ces derniers mois. Ils sont encore si jeunes, ils n'ont rien compris encore à la vie, à ce qui les attend. Toi tu sais, mais tu souris en te disant qu'ils vont bien apprendre. Certains vont mourir ça aussi c'est évident, même si tu ne le souhaites pas, tu le sais. C'est plus que mathématiques, c'est logique. Certains sont trop impulsifs, d'autres trop impertinents et il est possible que ceux là meurent de ta main. Tu n'es pas un tendre, tu ne l'as jamais été; pas avec eux en tout cas. Il n'y avait bien que Mina et Sylvana qui connaissait d'autres facettes de toi. Tout ces jeunes gens tu les terrorises rien qu'en levant le petit doigt et souvent ça t'amuses, il faut bien le reconnaitre. Mais aujourd'hui tu vas simplement profiter d'un instant à les observer, à te remémorer ta vie au même âge. Quand tu avais encore des rêves pleins la tête. Et la suite on verra plus tard.

Il y a encore une personne a qui tu dois parler, mais plus tard. Pour l'heure tu profites que ton cœur se soit apaisé. Il est au repos. Plus calme qu'il ne l'a été depuis des décennies, des siècles. Elle aussi a beaucoup subit à cause de toi ce dernier millénaire. Saura-t-elle te pardonner ? Tu l'espère, mais tu n'es sûre de rien. Elle t'a été tellement dévoué, tellement aimé même (tu le sais maintenant) que tu n'es pas sure qu'elle puisse te pardonner et t'accepter. Alors tu attends un peu avant d'affronter un potentiel deuxième ouragan dans ta vie.

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