Il est temps... [Azazel & Barabas]

Il est temps...

Azazel & Barabas

Ne jamais confier à ces crétins d'humains le travail d'un démon. Plusieurs mois déjà que ce gouffre s'est ouvert dans les rues de Chicago, offrant une autoroute vers les profondeurs d'Illusk, et rien. Hormis quelques malheureux drones équipés de caméras envoyés dans la fosse et aussitôt détruits par les flèches trop précises des elfes noirs, il ne s'est rien passé. Il me semblait pourtant que les humains savaient faire appel à toute la force militaire dont ils ont la disponibilité pour un pet d'écureuil magique. Cette race mérite décidément amplement le sort qui l'attend.
Si l'attente a entamé ma patience, elle a également joué avec les nerfs de mes condisciples, et si Barabas est toujours fidèlement installé à mes cotés, je trouve que le comte Dracula se repose un peu trop sur sa place nouvellement acquise au commissariat. Qu'il n'oublie pas que je pourrais l'en faire disparaitre aussi facilement que j'ai fait disparaitre son prédécesseur. Quant à Rampa? Avec lui, c'est bien davantage un problème de priorités plutôt que d'allégeance. Le démon croit très certainement être parvenu à me dissimuler l'intérêt qu'il porte pour cette jeune humaine, mais là où lui y voit probablement une faiblesse que d'autres pourraient utiliser contre lui, j'y vois une perte de temps. Et du temps, nous en avons déjà perdu assez comme ça. Je me débrouillerai sans lui pour récupérer mon dû.

Je détourne mon regard du trou béant qui nous fait face pour le tourner rapidement vers Barabas, sans doute l'être le moins fiable qui puisse exister sur cette terre, et pourtant le seul à mes cotés à ce moment précis. Avant de descendre dans la faille, trouvant sans grande difficulté mon chemin au milieu de l'éboulis. Les drows gardiens? L'un d'entre eux chute de son perchoir, mort avant d'avoir touché le fond du gouffre, alors que je sers le poing devant moi, le privant de l'air dont il a besoin pour vivre. L'avertissement donné, je reprends mon chemin comme si de rien n'était.

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Azazel & Barabas

La patience n'a jamais été mon fort, Azazel devrait le savoir, comme tout un chacun. Et même ce jeu du chat et de la souris repris avec Abraxas depuis notre sortie de l'Enfer a fini par m'ennuyer. Azazel pense pouvoir mener des démons comme une meute de chiens bien obéissants, mais, exception faite de notre cousin Cerbère, aucun de nous n'est un bon chien bien obéissant. Alors, à force de nous faire attendre comme des plantes vertes, il y a ceux qui ont déserté, ceux qui se sont occupés ailleurs, et il ne reste plus grand monde pour soutenir officiellement l'ex roi de l'Enfer. Alors officieusement, n'en parlons pas.

Si je suis encore à ses cotés? Uniquement parce que je n'ai rien de mieux à faire en ce moment, que cette ville est le paradis sur terre pour un démon avec un pouvoir tel que le mien, et que je suis curieux de voir ce qui va se passer quand ce démon là va se rappeler que si l'éternité est longue, ne pas attendre l'apocalypse pour bouger peut aussi être un plan fort profitable. Et ce jour étant enfin arrivé, nous nous tenons l'un à coté de l'autre au dessus du gouffre béant en plein centre ville, celui que les Drows défendent bec et ongle depuis des mois à présent.

Accroupi au bord du trou, je repère aisément la position de quelques unes de ces vigies si obsédées par leur mission qu'ils en oublient qu'eux aussi ressentent la peur. Contrairement à ce que l'on prétend, même les idiots ont peur de quelque chose. Je me redresse de toute ma hauteur avant de croiser le regard de Azazel, hochant rapidement la tête avant de le suivre dans la descente du ravin.
Nous ne sommes qu'à mi-chemin de notre but quand l'une des sentinelles réagit à notre présence, pour lâcher son arme de jet quelques secondes plus tard, se tenant la gorge en une vaine tentative de reprendre son air. Un air qu'il ne risque pas de récupérer de sitôt comme le poing serré de Azazel, même à distance, parvient aisément à l'en priver. Jusqu'à ce que toute résistance se révèle vaine et que l'oreille pointue ne finisse par choir au sol. Niveau discrétion, nous repasserons. Mais à présent que nos intentions sont claires et précises, autant mettre un coup de pied dans la fourmilière.

Je me saisis de mon arc et de mes flèches, ne perdant pas de temps pour viser mes deux premières victimes, qui rejoignent leur camarade sur le sol de la grotte. Jouer de la peur de mes victimes est amusant, mais une flèche bien placée est bien plus rapide, et tout aussi efficace. Les tirs fusent aussi bien de leur coté que du mien, et si quelques autres tombent, privés d'air par le pouvoir de mon patron, je pense faire au moins autant de dégâts que lui dans les rangs adverses, et ce malgré le fait que j'apprécie assez l'épaisseur du cuir de ma veste face à la précision de leurs tirs. L'ennui avec les Drows, ce n'est pas tant qu'ils sachent tirer, c'est surtout qu'ils sachent enduire leurs projectiles de poisons somme toute efficaces.

D'ailleurs, je finis par abandonner mon arc pour privilégier un couteau quand je sens l'engourdissement gagner les doigts de ma main droite, rendant ma visée plus imprécise, la tension sur la corde moins efficace.

"Vous comptez vraiment les avoir un par un ou vous ne nous feriez pas un tantinet montre de votre pouvoir? Ca manque un peu, ces derniers temps."

Non pas que je n'aime pas me battre, même à mains nues s'il le faut, mais ces elfes noirs sont pires que des cafards. Tuez en un et il en viendra dix, tuez en dix et il en viendra cent... et je rappelerai à son ex majesté que nous ne sommes que deux, et qu'à chaque minute qui passe, je sens de moins en moins mon bras droit. Si nous n'en finissons pas rapidement, il ne nous restera bientôt comme seule option que de remonter la queue entre les pattes... et je ne compte faire ce plaisir à personne.

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Azazel & Barabas

Un second elfe noir tombe sous le coup de mon pouvoir, alors que Barabas semble prêt à jouer à qui va en achever le plus. Pitoyable. Mais étant donné qu'il est le seul à mes cotés présentement, je lui pardonnerai cet écart de conduite. Pour le moment.
Nous descendons quelques mètres supplémentaires alors que de nouveaux projectiles viennent dans notre direction, et si j'use de mon pouvoir sur l'air pour m'en servir comme bouclier contre les vulgaires piques empoisonnées destinées à nous ralentir, je ne me donne pas la peine d'offrir cette même protection à l'archer qui me suit. Chacun ses affaires. Et si un autre Drow tombe bientôt de la même manière que ses frères, Barabas, dans mon dos, semble s'impatienter, m'offrant l'une de ces marques de cynisme dont il a le secret. Non dissimulé, arrogant à souhait.

"Si tu as quelque chose à me dire, Barabas, veille au moins à ne pas le siffler entre tes dents."

Je me stoppe à quelques mètres du fond du gouffre, choisissant de garder une position élevée face à la suite prévisible des évènements. Et il ne faut effectivement que quelques minutes d'attente pour voir la troupe drow parfaitement ordonnée prendre ses positions depuis le tunnel menant très certainement à leur cité souterraine. Si prévisibles.

"Et bien, à présent que nous avons des spectateurs, je pense qu'il est temps de t'offrir le spectacle que tu réclames, très cher."

Je tends une main devant moi, surplombant le groupe armé jusqu'aux dents qui nous fait face, mon sourire allant en s'agrandissant au fur et à mesure que les armes s'abaissent, les gémissements de détresse prennent place, et la douce musique des êtres agonisants en tâchant de chercher la plus infime goutte d'oxygène dont leurs poumons ont cruellement besoin monte à nos oreilles.

Je sens néanmoins que quelque chose ne se passe pas comme prévu, et ce alors qu'un nombre insuffisant à mes yeux de ces soldats tombe à terre sans plus jamais risquer de se relever. Et si je garde la face devant cet imprévu, j'espère y trouver une explication, et mieux, une solution, dans les plus brefs délais.

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Azazel & Barabas

Les lumières magiques coordonnées à la lumière du jour de la surface commencent à peine à s'éteindre, signe que la nuit tombe sur cette partie du monde, que les signaux d'alarme mis en place avec ceux qui veillent sur le gouffre s'activent. S'il y a une réputation que mon peuple n'a pas volée, hormis celle d'être d'impitoyables tueurs sans cœur et sans peur, c'est d'être la plus disciplinée des armées. Quelques minutes seulement nous sont nécessaires pour qu'une part non négligeable de notre garde soit aux avant-postes, prêts à défendre la cité dans le cas où la quinzaine de gardes veillant sur le cratère ne parviendraient pas à stopper la menace. Avec une petite trentaine de ces soldats, je décide d'aller plus avant, malgré l'avis contraire de mes conseillers. Ils parviennent malgré tout à me convaincre de rester aux cotés de l'un des rares sorciers drows , et je laisse donc une partie de ma troupe avancer en avant, pour les voir bientôt s'effondrer au sol.
Je retiens les autres d'un geste, usant ensuite de notre langage gestuel pour leur enjoindre de laisser le sorcier passer en premier. Difficile à faire entendre à des soldats, mais on ne m'a pas nommé à la tête de cette cité pour rien. Quelques gestes et un hochement de tête plus tard, je suis notre thaumaturge en direction de la menace, le regardant bientôt brandir devant lui cette étrange pierre pourpre qu'il tenait dissimulée sous ses robes jusque là. De quoi, semble-t-il, étouffer le pouvoir du démon, comme ceux de mes hommes qu'il n'a pas réussi à étouffer à mort se relèvent déjà en crachant leurs poumons. J'en aide personnellement certains à se redresser, les envoyant en arrière pour finir de se remettre loin d'un potentiel combat à venir, avant de m'intéresser à nos visiteurs indésirables.

"Un présent de Dame Lloth. Il semblerait que sa loyauté ne vous soit plus acquise, démon."

Si elle ne l'a jamais été un jour. La Reine Araignée préfère être dominante que dominée, et je ne suis pas sans me douter que ce "présent" de sa part ne sera pas sans conséquences. Au mieux, elle tient suffisamment à se débarrasser de ce démon pour nous utiliser comme cheval de Troie. Au pire, cela nous coutera cher, mais à chaque jour suffit sa peine.

"Illusk n'est ni à prendre, ni à vendre. Et je vous trouve bien présomptueux d'oser y pénétrer à si faible effectif. Un millier des nôtres vous attendent dans les profondeurs, et nos alliés sont plus nombreux encore."

Il est fort probable que je surestime un peu le nombre réel de nos combattants, mais quoi qu'il en soit, ils restent toujours deux, alors, que nous soyons une centaine ou un millier n'est à priori pas d'une grande importance. Le pouvoir d'Azazel est diminué, et il suffit de juger de la posture de son compagnon pour comprendre que plusieurs de nos tirs ont fait mouche. A défaut de lui faire plier le genou, cela aura au moins eu le bon gout de l'empêcher d'user de son arc.

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Azazel & Barabas

Mon regard s'assombrit alors que je le balance rapidement en direction de Azazel quand il me fait une remarque sur ma remarque. Heureusement qu'on a pas besoin d'apprécier quelqu'un pour le suivre. Cela dit, je ne dirai pas que je le suis aveuglément non plus. Si il ne s'agissait au début que de rejoindre le camp adverse de mon frère, je demande aujourd'hui à voir les résultats... et je ne les vois pas vraiment.
Autant dire que la lame dans ma main gauche me démange, et pas exactement pour se planter dans la chair drow. Même si je sais qu'il en faudrait bien davantage pour l'atteindre, ce qui est exactement la raison pour laquelle ce n'est pas la seule lame que je porte sur moi. Mais ce sera l'objet d'une autre conversation, sans nul doute.

Le souci auquel nous faisons face à présent, je le remarque une demi seconde sans doute après Azazel, à voir la tension qui apparait soudain dans sa posture, et cet espèce de tic nerveux qui démange sa lèvre supérieure quand il est agacé.

"Un problème, patron?"

Oui je sais, il faut que j'arrête d'être sarcastique, mais c'est une seconde nature chez moi. Ma propre posture se redresse quand le sorcier drow fait son apparition avec cette gemme mystérieuse qu'un autre identifie comme un présent de Lloth, et qui semble avoir un effet neutralisant sur le pouvoir d'Azazel. Sur le mien? Je serai curieux de vérifier, mais ma main est toujours trop engourdie pour utiliser mon arc. Enfin, j'imagine qu'il vaut mieux que je dissimule le sourire en coin qui s'accroche à mes traits avant que Azazel ne teste son don sur moi, mais je reste sur cette pensée qui dit que "garde tes ennemis à l'œil, et tes alliés plus encore."

Alors que le drow se gausse du nombre de ses hommes (et pour avoir cotoyé leur reine, je peux vous affirmer que quand ils vous annoncent 1000, comptez 150, même si le nombre de cadavres au sol me fait penser que si ça, c'était la garde avancée, ils sont peut-être effectivement plus nombreux qu'on ne le pensais là-dessous), je me débrouille comme je le peux pour faire rejoindre la poche de mon blouson à ma main droite, trouvant un peu de force à lui rendre en me saisissant de la lame enveloppée d'une gangue de cuir qui s'y trouve. Si leurs poisons sont puissants, je me targue d'être l'un des démons les plus anciens et les plus puissants qui foulent encore cette terre, loin au dessus de celui que j'accompagne présentement, aussi je les laisse discuter tranquillement en attendant de récupérer l'usage complet de mon bras. Ce qui ne devrait prendre que quelques minutes.

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Azazel & Barabas

Barabas a de la chance que j'ai d'autres chats à fouetter pour le moment. Son sarcasme commence doucement à me chauffer, alors que l'explication de l'inaction soudaine de mes pouvoirs se montre en l'arrivée d'un nouveau groupe de Drows débouchant du tunnel. L'un d'entre eux, clairement un sorcier, tend devant lui un artefact qu'un autre, que j'identifie sans mal comme leur chef, annonce être un présent de Lloth. Travaillez avec des démons si vous voulez que les objectifs communs se transforment en missions personnelles, je vous le dit. Depuis quand l'araignée aide les renégats ayant rejeté son autorité, son culte et ses principes, exactement? Je me note d'avoir une petite conversation avec elle dans les jours à venir.

"Rassures-toi, Drow, si les chemins divergent, le but reste le même. Tu t'en rendras compte quand ta déesse viendra récupérer son dû."

Je n'ai pas besoin de me retourner vers mon acolyte pour sentir son scepticisme à plein nez, et si je le partage sans doute, je le prierai de ne pas le partager à nos ennemis. Lloth est sans doute la seule parmi les nôtres à être plus âgée que lui encore, et par conséquent, plus difficile encore à contrôler quand on ne lui donne pas immédiatement ce qu'elle désire.

"Alors il y aura un millier de cadavres au sol quand je quitterai votre cité."

Changeant de tactique, je laisse tomber l'idée de les priver d'air, décidant de jouer avec la pression de l'air dans le gouffre pour les écraser comme des noix prises dans un casse-noix. Quand un artefact bloque les attaques frontales, il faut savoir user de son environnement à son avantage... Plus de précisions? Si vous ne pouvez pas lancer la foudre sur un homme, vous pouvez toujours la lancer sur un arbre qui, en se brisant, écrasera l'homme sous son poids. Le résultat est similaire...

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Azazel & Barabas

Si Azazel est probablement le seul à penser que Lloth n'a pas retourné sa veste? Ou si je pense qu'il tente de s'en convaincre? Disons que j'ai eu le loisir de fréquenter la dame au fil des millénaires d'existence que nous avons derrière nous, elle et moi, et si je la connais fourbe, je sais aussi qu'elle est sa seule maitresse. Effectivement, leurs intérêts ont communié à un moment donné, mais quand son humain tarde à lui donner sa pâtée, le chat va bouffer les oiseaux.
Me désintéressant de la discussion en cours au point de ranger mon couteau dans son fourreau, je relève le regard vers les hauteurs, où je remarque un tireur drow survivant prêt à tirer dans notre direction. Lequel de nous deux est sa cible, je n'en ai pas la moindre idée, aussi je me contente de signer dans sa direction, l'équivalent du mot "allié" dans le langage gestuel des Drows, au moins si j'ai bonne mémoire.

Récupérant assez de sensations dans ma main droite pour pouvoir serrer le poing, je la retire de ma poche, l'étui de cuir entre les doigts, pour finir par en dégainer une lame pas plus longue qu'un canif, mais assez dangereuse pour que j'évite de poser les doigts sur son fil. Je me décale légèrement pour me retrouver davantage dans le dos de Azazel, faisant mine de venir le rejoindre pour profiter de son "spectacle", tout en accordant un regard et un hochement de tête au tireur dans l'ombre. Ce n'était pas prévu, mais toute distraction est bonne à prendre.

Azazel occupé à tenter d'écraser tout le monde sous le poids de l'air qui nous entoure, le tir du drow fait mouche, contrairement aux précédents, et si un seul carreau empoisonné ne risque pas de le faire tomber par terre, cela brise suffisamment sa concentration pour qu'il relâche la pression sur le fond de la grotte. C'est le moment dont je profite pour attraper son épaule gauche de ma main du même coté et planter ma lame droit vers son cœur. Et croyez bien qu'un archer tel que moi sait exactement où cet organe se trouve. Croyez également que cela me procure presque autant de plaisir que si c'était Abraxas en personne que je trahissais de la sorte... d'accord, mon frère arriverait peut-être bien à m'arracher une demi-once de compassion à son égard si j'arrivais à lui faire la peau... disons que j'aurai peur de m'ennuyer sans lui.

"Qu'est-ce que..."

Sa main vient agripper ma nuque dans une tentative de garder la face, et, s'il n'était sa force déclinant à mesure que la vie ne le quitte, je ne parviendrais probablement pas à m'en décrocher. Cela dit, je le retiens de tomber le temps de lui offrir l'explication qu'il demande. Après tout, je ne peux refuser cela à un mourant.

"Une lame forgée dans le fer d'un crucifix, et bénie par un évêque ou deux. Je ne voudrais vraiment pas la prendre en plein cœur."

Je retire la lame tout en laissant le démon choir au sol, m'empressant de la remettre dans son étui puis dans ma poche sans prendre le temps de la nettoyer. Ca attendra plus tard, quand je pourrai être assez précautionneux pour ne pas y toucher sans risquer de prendre un mauvais coup dans le dos. Car oui, il y a une paye que je possède cette lame, et oui, mes doigts en ont déjà fait les frais, et je ne tiens pas à rester plusieurs jours sans pouvoir tendre la corde de mon arc.

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Azazel & Barabas

La communication non verbale, cela fournit plus d'informations que les paroles. Le démon peut prétendre que Lloth et lui poursuivent le même objectif, l'expression de son acolyte offre une toute autre version de l'histoire. D'ailleurs, il me semble assez rapidement que celui-là non plus ne suit pas exactement les objectifs de son "patron", mais laissons le temps au temps de faire son effet. Sentant que je ne serai pas responsable de la suite de la situation, je me contente de conserver l'attention d'Azazel, au moins jusqu'à ce que mon sorcier m'indique que la pierre ne trouve plus de magie à bloquer. S'il y a une chose commune aux démons, c'est leur opiniâtreté. Celui-là ne fait sans doute pas exception, et n'abandonnera pas avant d'avoir obtenu ce qu'il désire. De quelques gestes, je fais donc signe à mes hommes de rester aux aguets, et c'est finalement un bruit sourd venu des hauteurs qui attire notre attention, alors que l'air se fait plus étouffant. Pas absent comme quelques instants auparavant, mais oppressant, comme si une chape de béton tentait de nous écraser.
"Reculez!"
Notre peuple n'est pas de ceux qui admettent la défaite. Plutôt mourir que revenir chez soi la queue entre les jambes. Mais davantage que notre égo, c'est le sort de notre cité qui est en jeu, et je suis de ceux qui savent choisir leurs batailles. Je choisis donc de faire reculer mes hommes, espérant que nous serons à l'abri de la chape d'air dans le tunnel.

C'est là que le second démon décide d'entrer en jeu, d'un mouvement si rapide que le premier indice que nous percevons de son geste est la disparition de la pression d'air au dessus de nos têtes. Je relève le regard vers eux pour voir Azazel tomber à ses pieds, et ma main se porte à mon épée à l'instant où l'un de mes gardes nous rejoint des hauteurs en lévitant jusqu'au sol, achevant sa descente en retenant mon geste d'une main se posant sur mon poignet.
"Mon seigneur. Je crois que nous devrions entendre ce qu'il a à nous dire."
Mon regard va du démon qui nous surplombe à mon tireur, avant de parcourir le sol jonché des corps de nos frères tombés avant notre arrivée. Ce qui me convainc de faire un geste vers mes troupes pour les retenir à nouveau.
"Tu as raison. Trop sont tombés en ce funeste jour." Je relève le regard et la voix vers le démon, qui n'a pas bougé, hormis pour éloigner le corps de son maitre d'un coup de pied. "Allié ou ennemi?"

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Azazel & Barabas

Il me prend un frisson tout à fait involontaire alors que je replace ma lame dans la poche de ma veste. Pas dû au geste que je viens de commettre, mais plutôt à la pensée qu'effectivement, je ne voudrais vraiment pas me prendre cette lame en plein cœur. Même sans être à demi diminué comme l'était Azazel depuis la fin de son règne, je suppose assez facilement que ça ne doit pas faire de bien.

La mort de Azazel se traduit par une tension évidente dans le groupe de Drows, et sans doute ne dois-je qu'à mon allié temporaire, descendu rejoindre les siens, de ne pas être la nouvelle cible de leur courroux. Je garde le regard braqué dans leur direction tandis qu'une courte conversation se crée entre eux, jusqu'à ce que le chef de la cité souterraine n'élève la voix dans ma direction pour me demander ce que je compte faire à présent. Grosso modo.

Je pousse le cadavre encore chaud de Azazel du pied pour l'éloigner de moi, tout en montrant tout le "respect" que j'éprouve envers lui, avant de tourner le dos aux elfes noirs, une autre marque d'irrespect s'il en est (et sans doute un peu de folie, car il est aussi dangereux d'avoir un drow dans le dos que de jouer avec un serpent à sonnette), m'en retournant tranquillement vers la surface.

"Enterrez vos morts, soignez vos blessés. Rebouchez même ce trou si l'envie vous en dit. Pour le reste, je rends à Lloth ce qui lui appartient."

Si je donne l'impression de rebrousser chemin? Réfléchissez un instant. Moi qui tire mon pouvoir de la plus grande peur des gens, entre une ville peuplée de près de trois millions d'humains stressés et empestant la nervosité, et un ilot souterrain de quoi, 1000 âmes, dont moitié d'elfes noirs dont la seule peur ou presque s'appelle Lloth, le choix est très rapide. Quant au pouvoir tant convoité par Azazel? Le souverain déchu espérait retrouver son pouvoir perdu en empruntant celui-là. Moi, je n'ai rien perdu de mon pouvoir. A quoi cela me servirait-il d'en emprunter un autre quand il me suffit de laisser le mien se développer?
Sur ce, si j'allais attraper une fée ou deux, moi?

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Azazel & Barabas

Le démon ne répond pas franchement à ma question, se contentant d'offrir une trêve, et non la fin de la guerre. C'est du moins ce qui transparait entre les lignes de ses paroles et de son attitude. Je le suis du regard alors que, nous tournant ostensiblement le dos, il remonte pas à pas le long du rebord du gouffre, là où je suis à peu près certain qu'à l'instar de la majorité de ses comparses, il aurait pu disparaitre instantanément. Comprenez qu'il nous teste, offrant son dos pour cible pour voir qui mordra à l'hameçon. Et d'ailleurs, plusieurs de mes hommes arment déjà leurs arbalètes. Je pose la main sur la plus proche, leur intimant l'ordre muet de ne pas saisir la perche tendue. Il sera toujours temps de combattre ce démon plus tard, s'il représente une menace pour nous.

"Vérifiez s'il y a des survivants, et allez chercher les guérisseurs. Ramenez les morts au palais. Avec respect. Et discrétion."
Il ne sert à rien d'alerter la moitié de la cité qui n'est pas encore sur le nerf de la guerre.
"Et que fait-on de lui?"
"Donnez-le à manger aux lézards. C'est bien la seule fin qu'il mérite."
Le sorcier se signale alors à moi, manifestant sa désapprobation et la raison valable qui va avec des gestes rapides mais précis de ses longs doigts fins.
"Laissez Algazar s'en occuper d'abord, que toute traitrise soit éliminée."

Sur ce, je retourne dans le tunnel menant à la cité, m'intéressant à ceux de mes hommes blessés, de la première garde, que nous avons envoyé à l'arrière dès que nous avons pu le faire. La plupart auront besoin d'un bon bol d'air, mais ils survivront, du moins, du point de vue du soldat que j'ai été par le passé. Je laisse leur art aux médecins.

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