Second date is the best [Nath&Dante]

Un faible ? Je souris bêtement à sa remarque. Qu’il ne me tente pas à faire le crétin juste pour le plaisir de voir son sourire. Je déchante toutefois rapidement lorsqu’il me parle du père Abraxas …

Je lève le nez et pince légèrement les lèvres.

« Ok, je concède, mais tout de même … c’est quand même une terrible éducation. »

J’expire un air qui n’existe même pas et me détend un peu. Je ne me suis même pas rendu compte que sa petite histoire m’avait à ce point tendu.

« Si tu veux tout savoir, j’ai dû fuir aussi. J’étais un jeune militant contre le pouvoir et homosexuel en plus alors autant te dire qu’il y’a 30 ans, ça passait pas vraiment. Par contre, j’suis d’accord, autant positivé, ça m’a permis d’arriver jusqu’ici et tout. C’est plutôt sympa comme endroit pour devenir éternel. »

Je jette un œil autour du moi et admire le parc tranquille, les passants qui ne nous regardent même pas, n’en ayant rien à faire de notre existence et s’en portant tout aussi bien. Il faut dire que nous même ne leur prêtons pas la moindre attention en retour. Nous existons à une époque et un pays où personne n’a que faire des autres, parfois par pur égocentrisme et d’autres par respect pour l’intimité des autres. Autant l’un que l’autre, le résultat est le même : notre vie peut continuer sans que personne ne nous embête.

Jamais je n’aurai pensé il y a trente ans, pouvoir batifoler librement à la vue de tous avec un autre homme, divorcé, avec un enfant. Un tableau pourtant typique de nos jours.

« Et le reste de ta famille sinon ? »

Je rigole avec légèreté.

« Non, mais assumes. Tu aimes faire comprendre aux gens leur tord avec un peu de violence parce que, tout simplement, ils sont souvent pas capable de comprendre autre chose ce qui sont assez con pour croire que l’homosexualité est une maladie. »

Je cogite deux secondes sur le genre de réponse que je donne à ces individus en général. Premièrement, j’ai la chance que mon physique séduise aussi bien les hommes que les femmes. Deuxièmement, s’ils ne sont pas séduits, ils sont souvent bien assez impressionnés pour ne pas me reprendre sur mes mœurs.

« Je crois pas que je sois vraiment capable de la moindre violence. Même pour chasser ou encore en ce qui concerne les pouvoirs que j’ai, y’a rien qui me permette d’être plus rapide, plus violent, plus fort. Faut que je capitule, mon corps, ma voix, … tout chez moi est fait pour charmer et pas vraiment faire peur. »

Je le regarde un léger sourire.

« Tu sais que le don que j’ai eu avec le fait d’être un vampire, c’est de pouvoir manipuler les gens. Je suis un genre d’hypnotiseur. »

Je dépose un baiser sur sa joue.

« Promis, jamais sur toi, je me suis juste contenté d’être maladroit et malhabile. »

Pas drôle, jamais je ne me permettrai de commencer une relation avec une telle supercherie. C’est fourbe et d’une simplicité qui ferait perdre tout son charme à notre jeu de séduction qui s’est gentiment installé par lui-même avec toute la subtilité qu’une nouvelle relation peut apporter. Rien que de dire cela et il me reprend l’envie de le couvrir de baiser, de sentir ses lèvres sur les miennes et de profiter de la chaleur de son corps, chose que je ne peux lui donner en retour, toutefois, je me promets de lui donner bien d’autres sensations.

Sa santé mentale ? non je pense qu’il est fou de sortir avec un vampire et en même temps, je ne peux pas être plus reconnaissant d’être aussi ouvert d’esprit. Je tapote gentiment sa tête.

« Mon psychopathe adorateur de vampire. »

Je lui souris et même parler du travail ne le fera disparaître.

« Assez chouette, j’ai une nouvelle affaire avec un autre vampire comme collègue, on fait plutôt une bonne équipe, je le suspecte juste de pas aimer être dépendant des autres. Tu vois, le vrai vampire mystérieux et tout. »

Je glousse à sa réflexion.

« Alors là, je t’avoue que je me vois plutôt comme le Watson, calme et un peu bêbête par moment. Je ne pense pas avoir son expérience pour commencer. En revanche, je compte bien sur notre partenariat pour m’améliorer et devenir plus efficaces. »

Je ne me fais aucune illusion sur mes propres compétences même si j’ai pu passer quelques années dans la police et me faire ma propre expérience sans compter que je ne pense pas que mon esprit de déductions soit tout pourri.

« Et toi ? ta collègue – désolé je ne crois pas que tu m’aies dit son prénom – elle est revenue de son congé maternité ? »

Il se redresse te je le vois un peu perdu dans ses pensées quelques secondes avant qu’il ne revienne à la réalité. Je devrais d’ailleurs prendre des nouvelles d’Axel. Elle m’avait parlé de son nouveau conjoint, de sa grossesse et surtout que j’ai croisé son conjoint pour avoir travaillé avec lui, mais je me suis tellement laissé prendre par mon taf que je n’ai pas pu aller la voir ou ne serait-ce que l’appeler pour savoir comment elle va. D’ailleurs elle doit avoir accoucher depuis le temps. Il ouvre enfin la bouche, je me perds un peu sur ses lèvres avant de connecter et de me mettre à comprendre ce que le brun est en train de me raconter…

J'aurais aimé lire dans les pensées pour la comparaison entre Angel et Silas. Vraiment de quoi rire quand on sait que j'ai détester ce personnage spécifiquement dans Buffy, de quoi me faire tirer la langue par réflexe à chaque fois que je le voyais faire son apparition à l'écran. J'apprécie qu'il aime l'humain en moi, celui que je m'efforce de préserver, de faire entendre sa voix et la créature que j'essaye de taire, mais qui hurle en moi par moment, une dualité comme tout les démons qui possèdent un corps doivent comprendre. Je me demande qu'elle est d'ailleurs la véritable origine de notre nature vampirique. Et le jour où mon égo prend autant de place, effectivement, je pense qu'il n'y aura plus de place pour mon humanité ni même pour mon côté démoniaque. Juste un craquage total de chaussettes à force d'avoir les chevilles qui gonflent. Après, je pense que je suis naïf sans plus vraiment l'être. Je m'attends toujours au meilleur des gens, sachant qu'ils vont sans doute me donner le pire, mais j'ai cette lueur, cet espoir que le bon peut ressurgir du pire.


"On verra, mais sincèrement, vu les enquêtes qu'on a en ce moment .... - je marque une pause et un frisson me parcours - .... il vaut mieux pas que tu saches. Des démons perfides rôdent encore parmi les citoyens de notre charmante ville ..."


Merde j'ai fait une boulette. Il ne m'en dit pas plus mais son regard et son aura entière s'est assombri. Je me contente d'attraper sa main et de glisser mes doigts entre les siens. Un peu de soutien physique et morale, mais aucun mots ne franchissent mes lèvres. Je me sens un peu coincé. Je ne peux donc pas trop parler de ceci, de son père, ... tant de mystères autour de lui. Il paraît si souriant alors qu'il garde tant de malheur en lui.

Je lui souris gentiment.

“T’essayes désespérément de me faire fuir, mais je te confirme. Je vais carrément relever le défi et encore pire, je vais te faire relever celui de me supporter en retour. Ça va pas être coton, je te préviens. »

Je me relève avec douceur et lui tends une main amicale. Seulement ? Non. Je finis par l’attirer à moi aussitôt agripper et l’embrasse furtivement. Assez pour qu’aucun regard alentour ne puisse être choqué de notre impudeur publique. Cela ne m’empêche pas de reprendre rapidement mon vélo et de suggérer au brun de faire de même.

Nous pédalons en silence, ne profitant qu’un instant de l’ambiance sonore estivale qui s’instaure depuis le début du printemps. Les pépiements, le vent dans les branches bourgeonnantes et les roues de nos vélos piétinant nonchalamment l’herbes nouvellement verte.

A peine la largeur du chemin le permet, que Nath se met à mon niveau. La balade n’en ai que plus charmante.

« On rentre ? Vélos au garage et je te propose de monter boire un verre ? »

Je pense bien à quelques Rhum que nous pourrions déguster et je dois bien avoir une épicerie qui vend des trucs d’humains pour lui donner de quoi grignoter. Je peux paraître ridicule, mais de mon vivant, j’étais plutôt légumes pour ce que nous arrivions à faire pousser à la ferme avant de me faire expulser de chez moi. Maintenant, on trouve de tout et partout, et a des prix plus ou moins abordables.

Si le jeune homme me propose une virée en moto, à me serrer contre lui, je ne dirais pas non. J’aime cette sensation de vitesse et de liberté. Je m’échapperai bien quelques fois de cette ville où trop de soucis émergent et salissent l’humanité. Je lui souris avec douceur. Oui, je lui propose de venir chez moi, pas d’être sage ni rien.

« ça n’a rien de bien extraordinaire tu sais … »

Quand on pense que la dernière personne invitée était Axelonnie …

Je le vois mettre pied à terre au dernier moment alors qu’il manque lui-même d’être déséquilibré et je tombe nez à nez avec lui alors qu’il me sort une blague des plus absurdes.

« Chambre froide, j’aime avoir de la place et dormir au milieu des steak. »

J’éclate de rire.

« Alors laisse-moi te guider et peut être que tu découvriras bien assez vite où je dors … »

Je me mords la lèvre surpris par ma propre audace et enfourche mon vélo pour repartir de plus belle jusqu’à mon hall d’immeuble où nous abandonnons nos moyens de transport. Je prends sa main alors que l’ascenseur nous emmène au quatrième étage et l’embrasse un peu plus longuement que tout ce que j’avais réussi à lui offrir jusque-là. Je finis par caresser son visage de ma main glaciale et cela génère en moi une certaine faim. Il me faudra manger avant de pouvoir continuer si je ne veux pas trop perdre la raison, j’espère qu’il ne prendra pas mal mon envie de casse-croûte improvisé avant de pouvoir continuer notre conversation.

J’ouvre la porte de mon petit chez moi, un bar, une bibliothèque, des fauteuils confortables, un intérieur digne d’un grand père ou d’un simple littéraire sans aucune fioriture ni excentricité. Juste mon violon adossé à mon assise préférée.

« Voilà mon appart de grand père ! J’ai une quantité suffisante de rhum pour te faire oublier que tu sors avec un ringard héhéhé !! »

Je passe ma main dans mes cheveux un peu mal à l’aise devant mon intérieur si fade, j’attrape la perle dans mes cheveux et la fait tournoyer un moment. Autant lui laisser explorer un peu l’environnement, qu’il s’y familiarise si je lui donne l’occasion de revenir me voir…